Sans papiers


Pas de bras, pas de chocolat !

« Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un État. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. »

C’est l’article 13 de la déclaration universelle des droits de l’homme.

Alors donc qu’est ce qui se passe dans notre pays, la France qui jouit visiblement toujours de son aura de pays des droits de l’homme ?

Sans papiers je l’ai acheté dans une librairie à Marseille (assez symbolique, non ?) la boîte à histoires. J’avais ressenti de la beauté de la dureté, une caresse et puis une claque. Une illusion. Mais avec toujours quelque part de l’espoir, car il y a des gens qui aident dans ce livre.

Il raconte l’histoire d’un père et sa fille qui se réfugient en France car ils ne sont plus en sécurité dans leur pays. Ils n’ont pas voulu en partir, mais ils ont dû. Et ils ont choisi la France. Où ils vivent en apparence comme tout le monde. Sauf qu’ils vivent comme des bêtes traquées et qu’ils en adoptent donc l’attitude : se fondre dans le paysage, se faire oublier, surtout ne pas déranger. En gros perdre son identité, son humanité juste pour espérer survivre.

Ce livre est un travail à de nombreuses mains, les 6 des auteurs mais aussi celles des éditeurs, Escabelle, qui aujourd’hui n’existent plus. On ne compte pas les âmes et les consciences pour le fabriquer, derrière un livre comme celui-là il y a forcément un engagement très prononcé.

En ouvrant, on voit une photo d’immeuble, avec la lumière d’un appartement, rien d’anormal, sauf que tout est sombre autour, un sombre étrange qui ne nous laisse pas tranquille. En regard, le texte aussi semble raconter un quotidien classique « C’est ici que j’habite avec Papa » : ça pourrait être l’histoire d’une famille séparée, avec une garde alternée. Les mots qui suivent par contre sont sans appel « Lorsqu’on est arrivés, on dormait dans les parcs et les jardins publics et les soirs de pluie, dans les hôtels bon marché du centre ville. » De la sobriété, de la retenue, mais une colère sourde sortent de ces pages. Il y a un grain, un filtre, un travail sur les photos qui quelque part semble adoucir le propos, qui lèche un peu l’œil. Sauf sur la dernière image.

Des histoires d’expulsion, il y en a plein qu’on ignore sagement.

Et puis d’autres sont plus médiatisées, et nous « parlent » peut-être davantage. Parce qu’elles se passent à l’école publique, symbole de la république et de l’égalité des chances pour tous. Enfin, c’est comme ça que je veux encore la voir.

Aujourd’hui, c’est l’histoire de Leonarda , cette ado Rom cueillie à l’école pour être renvoyée chez elle, qui me donne l’occasion de parler de ce livre bouleversant qui donne forcément à réfléchir à nos valeurs, à ce que nous voulons transmettre à nos enfants.

Et Matin brun de Franck Pavloff aux éditions du Chêne, vous connaissez ?

Lisa



  • Auteur : Rascal
  • Illustrateur : Cendrine Genin et Jean-François Martin
  • Éditeur : Escabelle
  • Parution : 2012
  • Prix : 14,90 €

  • Âge : Grands / Ados/Adultes
  • Genre : Album
  • Médias :
  • Thématique : Droits de l’homme / Famille / Identité / Société