Mon imagier après la tempête

Parce que les enfants ne sont pas sages comme des images.
Parce que tout corps plongé dans un liquide en ressort mouillé.
Parce que tout être humain devient un peu rouge quand il est très en colère.
Parce que parfois on perd la tête et on fait les choses à l’envers.
Parce que l’artichaut est le seul légume qui en laisse plus dans l’assiette après le repas qu’avant.

Pour toutes ces raisons, Eric Veillé a dessiné un imagier vivant, c’est à dire qui reflète la vie des objets après une certaine forme d’utilisation, après un certain type d’événement.

ça promet une sacrée partie de rigolade !

Je ne crois pas me tromper en disant qu’il ne doit pas y en avoir d’autre. Et alors renouveler le genre de l’imagier du quotidien pour petits, genre presque forcément figé, est un sacré tour de force. Les blagues se nichent derrière un conformisme tout apparent. La mise en page est très classique pour mieux tromper l’ennemi, les couleurs sont vives pour attirer le regard des tout-petits (et des parents qui achètent évidemment) et les yeux des objets, animaux et personnages sont très expressifs : parfois blasés, parfois farceurs ou rieurs, étonnés ou en colère. On se demande donc bien qui est l’auteur de l’entourloupe qui vient de se dérouler sous nos yeux, entre une page et l’autre !

Je vais pour une fois, citer Catherine Dolto, entendue ce matin sur les ondes de France Inter, dans le 7/9. Elle y dit, en substance, que le plaisir de lire vient des moments de partage entre enfants et adultes, que les enjeux pour la construction du petit enfant sont considérables dans ces vrais temps d’échanges. Ce petit livre-là est si drôle qu’il fera rire ensemble les petits et les grands, même s’ils ne rient pas des mêmes choses. Alors à sa manière il contribue à la construction du petit enfant, pas en lui apprenant à nommer les objets du quotidien, que de toute façon, il découvrira autour de lui, mais en faisant du temps de lecture, un temps de complicité.

Lisa Bienvenu