Sur un toit, un chat

Les chats marchent sur les toits, c’est bien connu.

Celui-ci se promène sur les toits très chargés d’une ville. Fils d’antenne, câbles s’emmêlent un peu les pinceaux quand même. On est perdu, on tourne sur nous-mêmes, comme les chats qui s’attrapent la queue. C’est rigolo, les chats. Et puis mystérieux, un peu inquiétant tout en étant rassurant.

Le chat de Cécile Roumiguière et Carole Chaix suit son fil, invisible. Quand le chat disparaît de la page, on a presque le vertige car c’est lui qui nous guide. On retombe sur nos pattes en trouvant le texte dans les pages. Il y a peu de texte, il est physiquement discret, mais la typographie "carrée" et "alignée" donne un sentiment de solidité.

Carole Chaix superpose, empile, elle met en perspective de manière à la fois réaliste et vraie puisqu’on perçoit la profondeur et c’est en même temps abscons puisque son image a de très nombreux niveaux de lecture et de perception. Son trait comme "hachuré" vient ajouter au sentiment de brouille, de gêne qui nous taraude. La tête nous tourne. Les mots, les phrases de Cécile Roumiguière canalisent notre attention, ils mettent un peu d’ordre, ils nous donnent des "clés de lecture sensible"... les mots, l’histoire comme une lecture du monde. Pas mal comme idée, en fait...

La fin du livre est un délice, chaud, rassurant... j’ai eu le sentiment que ce chat m’avait ramené chez moi.
C’est exquis. Plein de rêveries, on s’extrait du monde. Pas mal comme idée, en fait...

On peut y voir un questionnement sur l’omniprésence des médias tous confondus desquels nous sommes nous adultes, tous un peu victimes et prisonniers. Ce livre-là serait une invitation à se retrouver soi-même, en prenant le temps d’observer les chats et les enfants dont les esprits (pour les chats, ça relèverait davantage de l’instinct peut-être...) sont totalement libres.

Bonus plus plus ! Un petit bébé de 10 mois qui vit littéralement au milieu des livres s’est posé très tranquillement presque sans bouger sur mes genoux et a attendu que je tourne les pages. Il a dû se passer quelque chose à ce moment-là.

Lisa Bienvenu