Première neige

Doucement, les premiers flocons de neige tombent. Ils frappent les carreaux d’un bruit sourd. La fillette se lève, essuie la buée de sa fenêtre pour bien voir dehors. Il fait nuit, la neige tombe, elle met sa petite écharpe rouge, son bonnet et, accompagnée d’un chiot, elle sort et commence à faire une boule de neige qui roule, roule... jusqu’au matin. Là, elle retrouve une ribambelle d’enfants qui virevoltent dans le blanc de la neige, avec les flocons.

Une ambiance typique de la neige et de touts petits détails font de ce livre un vrai trésor. On perçoit le grain de la toile utilisée pour la peinture, c’est chaud, doux et chaleureux. Le travail sur les différents noirs et blancs est époustouflant, c’est sombre et lumineux en même temps. Et puis il y a cette petite touche fantastique, propre à la "culture asiatique", à la fois réconfortante et angoissante, qui symbolise bien les sentiments liés à l’enfance. La fillette est toute seule dans sa maisonnette ? Elle sort la nuit et personne ne lui dit rien ? Où sont les adultes dans l’histoire ? Ils sont absents et c’est parfait, cette histoire toute simple offre une grande liberté à l’enfant et donne un grand sentiment de confiance.

ça vous rappelle quelque chose, une fillette qui ferme les yeux et tire la langue pour accueillir le flocon de neige, sa froideur, son picotement et sa douceur ? C’est l’image de fin de l’album.

C’est merveilleux et je crois qu’il faut suivre le travail de Bomi Park.

Je prends de plus en plus conscience de l’espace de liberté, de la confiance donnée à l’enfant qui transparaît dans les livres (et les dessins animés aussi) des "créateurs asiatiques". Et ça m’étonne presque car je trouve qu’il y a un décalage : on a l’image d’une société cadrée, calibrée, soumise à des règles strictes avec des codes qui nous échappent souvent complètement. Mais souvent les enfants y paraissent autonomes, libres, heureux avec une imagination débordante.

Lisa Bienvenu

Bomi Park est coréenne, n’est pas auteure pour enfants spécialement.
Sur le site des éditions Sarbacane.

A voir aussi, le travail de Komako Sakai.