la petite fille aux singes, l’enfance incroyable de Jane Goodall


Jane a un chimpanzé qui s’appelle Jubilé. Elle l’emmène partout avec elle, surtout dehors où elle passe son temps à observer les animaux. Son rêve de petite fille, quand elle sera grande : s’occuper des animaux.
Cette histoire est un tout petit morceau de l’enfance de Jane Goodall, primatologue, anthropologue et éthologue britannique. Un point de vue idéalisé, à partir d’anecdotes réelles et très significatives, sur ce qui l’a amenée à réaliser son rêve. Le livre se clôt par un documentaire : les découvertes de la dame, son engagement dans la préservation de l’environnement, des animaux, son désir de transmettre aux enfants, à travers sa fondation. Patrick McDonnell y est aussi sensible, forcément. Et cette histoire est assez incroyable.
Revenons au cœur du livre : la manière dont il est conçu souligne le caractère improbable de cette histoire. Le livre ressemble à un carnet de notes, de dessins, d’observations scientifiques, dos et coins façon cuir un peu vieilli. Ouvrage précieux, sérieux. La couverture donne tout de même le ton : elle est faite de dessins très réalistes et comme posée par inadvertance, sur le livre, le dessin d’une photo de Jane et son singe : une fillette à barrettes, portant sa peluche. Et puis, dans les pages, de drôles d’images cohabitent ensemble : gravures de plantes et animaux exotiques tirées d’archives, photographies représentant Jane et Jubilé, croquis de la fillette et bien sûr les dessins de Patrick McDonnell. Il joue avec ces différents graphismes, entre réalisme et fantaisie, marquant les croisements entre rêve et réalité, jusqu’à ce que le rêve de Jane devienne la réalité. Son trait est vif, juste, expressif, d’une grande tendresse. Son crayon est joyeux et transmet la conviction et le bonheur qu’il a à raconter cette histoire.

Un regret cependant : il y a une partie documentaire en trop. Dire que Jane Goodall a découvert que les chimpanzés utilisent des outils pour s’alimenter et que de ce fait, le regard porté sur la relation homme-animal a été profondément changé, eût été suffisant. La suite ressemble à une publicité pour sa fondation. Et même si son but est louable, le message est trop appuyé et perd de sa valeur. Il me semble qu’une invitation discrète à découvrir en temps voulu ce qu’a fait cette dame eût été plus en adéquation avec l’univers de Patrick McDonnell. La forme d’expression de l’artiste est le « comic strip », très petite bande dessinée, visant à produire un effet en très peu de cases, le plus souvent, faire rire. Il faut donc être efficace et essentiel. La compréhension et le rire jaillissent d’eux-mêmes. La forme même du documentaire, explicative, me semble donc en contradiction avec le mode d’expression de Patrick McDonnell. Alors dans ces cas-là, j’ai l’impression que ce qui préside à la création d’un livre n’est pas que la création et qu’il y a bien d’autres enjeux, que je serais bien en peine de citer.
On peut se dire aussi que la culture autour des fondations et ONG est différente chez les anglosaxons et chez les latins. L’activisme est moins répandu chez nous !

Lisa Bienvenu

Photo de couverture, De La Martinière Jeunesse
Dessins d’enfant de Jane Goodall
Dessin de Patrick McDonnell
Crédit photo Hugo Van Lawick/National Geographic Stock pour la dernière image



  • Auteur : Patrick McDonnell
  • Éditeur : De La Martinière Jeunesse (édition américaine Little, Brown and compagny)
  • Parution : Janvier 2013
  • Prix : 13,50 €

  • Âge : Moyens
  • Genre : Album / Biographie / Documentaire
  • Médias :
  • Thématique : Ecologie / Singe