les antipodes

En entrant dans le livre par le texte, les mots sont forts… tous ces personnages sont présentés dans leur peurs, leurs angoisses, qu’ils se jettent dans le monde ou s’en tiennent éloignés, ils se définissent dans l’opposition. Et dans la peur. Parce que le monde semble ainsi fait. Et puis si on inventait une histoire ? Il peut bien alors arriver ce qu’on veut. Juste une question de point de vue. Les peurs pourraient s’en aller, des couples pourraient se former, à deux ou à plusieurs on est plus fort.
Je le répète, les mots de Guillaume Guéraud sont très forts… un album jeunesse qui aborde la peur de front, ça ne court pas les rues. Mais ça rassure les enfants : si un livre raconte les angoisses et les mauvais sentiments, c’est que ça doit exister ailleurs que dans leur cœur. « Ouf, se dit le petit, je suis normal ! »
Si on commence le livre par l’image, on voit alors des portraits de Bertrand Dubois qui offrent de l’apaisement… rien de plus normal que de « détester le bruit » ! « Ouf, doit se dire le petit, ça fait du bien ! » Les visages sont juste un peu expressifs, suffisamment pour ne pas être trop figés.
Un drôle de sentiment naît du contraste entre les mots et les images. Suffisamment intriguant pour qu’on se demande comment les deux vont marcher ensemble. Même à la première lecture, on perçoit un lien, ténu, naturel, pas systématique. Comme si l’auteur et l’illustrateur se répondaient parfois mais pas tout le temps. Et comme s’ils étaient aussi chacun de leur côté, sans se chercher.
Et puis images et mots se rejoignent vraiment eux aussi, et là il y a encore plus de possibles…les lignes d’horizon se brouillent, mer, montagne et terre ne font plus qu’un permettant aux gens, aux éléments de se rencontrer. Et là, les tableaux bleus (on pourrait ajouter plein de S tant il y a de bleus !) se prêtent à toutes les rêveries. On s’y sent bien et de mieux en mieux.

Plus on le lit, plus on se l’approprie. Je n’ai pas fini de le raconter et de le regarder !

Lisa