Mon plus grand combat

Tara, souffreteuse, passe sa petite enfance devant la télé. Un soir, son père la trouve devant un match de Cassius Clay.
Il se décompose et se recompose. Sa fille regarde Mohammed Ali.
 Non Cassius Clay elle lui répond et répète.
 Mohammed Ali, son père lui redit.
Et son père de l’emmener à la salle de boxe où elle percute Jacky, son futur entraîneur. Et une légende de naître, grâce à son tempérament, grâce à une photo.

Tara est boxeuse, sur le ring depuis qu’elle a 7 ans !

Dans sa narration, Flo Jallier mélange le passé, le présent et les transcriptions des émotions de Tara. Ces différents temps de récit se croisent pour construire un personnage dur à un tournant de sa vie.
Impression mitigée sur ce roman : emballée par la force contenue dans cette histoire, agacée par certaines grosses ficelles qui constituent le personnage de Tara. Elle manque de crédibilité : quand son personnage tout animal qu’il est, écoute des documentaires animaliers (pas les siestes du paresseux) pour s’entraîner ; quand, après son trauma, elle ne se réveille pas tout à fait la même. Il y a aussi un décalage entre la rage qui l’anime et l’expression de ses fondements. En revanche, la relation qu’elle entretient avec Freddy son meilleur ami et La Plante son filleul est particulièrement intéressante. Son refus catégorique de s’adresser à la presse, son incapacité à exprimer des émotions, sa fascination pour une photo d’elle, celle qui l’a faite petite championne, font de Tara un personnage qu’on a tout de même très envie de comprendre. La meilleure façon d’appréhender ce personnage est dans ces moments de silence.

Tara est boxeuse, dure et brutale avec elle-même et les autres, c’est presque évidemment une taiseuse. Or, là, paradoxalement, le récit est trop bavard. C’est le troisième roman de Flo Jallier et je crois qu’elle choisit des formes littéraires adaptées à ses histoires, à ses personnages. Là, il y a un souffle énorme dans son écriture, avec un goût d’inaboutissement.

Sous – tendues à cette histoire qui prend tout de même aux tripes : on se pose des questions sur le mariage mixte, la place de la femme dans la société, la filiation, la complexité des relations familiales… mais on n’en parle pas, chut, ce n’est pas le sujet…

Pour finir : quelques mots de la bande son, que j’ai écoutée en grande partie et qui est étonnement douce et feutrée la plupart du temps, contrebalançant l’animalité et la brutalité.

Lisa