l’équipée volage

On ne peut pas dire que ce roman soit féministe et pourtant il l’est sans le revendiquer. C’est là que c’est intéressant. Son auteur, Rolland Auda, doit être un homme féministe, peut-être sans le vouloir. Il met en scène des personnages féminins comme traditionnellement et naturellement on met en scène des personnages masculins. Lui, choisit des femmes, parce que c’est pertinent dans son histoire et que ça sert sa dramaturgie.
C’est l’histoire d’un groupe de piratesses courant XXè siècle, un peu perturbé car Christophe Colomb n’a jamais découvert l’Amérique. L’Europe est alors un continent un peu bizarre, peuplé de manière particulière. Leur quête : découvrir où se trouve l’île mythique d’Isocélie. Comme dans les contes, elles rencontrent des personnages qui vont les aider ou les contrer : Corto Maltese, Albert ou Franck Einstein, Sir Arthur Conan Doyle…Moby Dick… Comme dans certaines campagnes de jeux de drôles, le groupe d’aventurier se constitue au fil du temps, chacun se rendant au même endroit pour des raisons différentes. Le navire des piratesses s’appelle le Faste et Furieux, clin d’œil à la série de films fast and furious pleine de clichés et de testostérone. Là, c’est complètement inversé.
La densité de populations au mètre linéaire est plus importante que dans le dévastateur. Comme les zombies, les personnages et monstres surgissent brusquement à des endroits où on ne les attend pas du tout. Le cerveau des plus jeunes est peut-être plus habitué à ce type de rythme, moi, j’avoue, je m’y suis un peu perdue. En revanche, je me suis sincèrement attachée à ce groupe de piratesses et j’ai senti beaucoup d’amusement, un peu de rugosité, des petites choses qui grattent. J’ai l’impression que le plaisir d’écrire une histoire a supplanté l’idée d’écrire un livre à l’intrigue taillée à la serpe.
Les pages sont aussi remplies de petites phrases toutes ridicules, qui font bien rire, en référence ou pas d’ailleurs à d’autres livres, films, publicités (il me semble !), musiques. On doit en louper un certain nombre, mais quand on les croise, on est content de les avoir repérées ! C’est personnel et attachant : on se sent en complicité avec l’auteur.

Lisa