Emile range ses livres


Emile ? Un poème, une oeuvre s’art sur patte, assez unique dans son genre littéraire aujourd’hui et si proche de certaines réalités...

Emile est donc un enfant particulièrement ch... pénible ! Par bien des aspects, il ressemble au sien, quand on en a un, ou à ceux des autres qu’on a du mal à supporter.

Emile n’aime jamais faire comme tout le monde, se demande toujours si on ne pourrait pas faire autrement et il met ses principes en action. Alors c’est très pénible :
- il a réponse à tout, il cherche la petite bête, tout en écoutant quand même sagement sa maman à la fin.
- il a quelquefois (souvent) raison et c’est extrêmement désagréable : on se voit avec la colère qui monte, prête à sortir toute rouge, avec l’envie d’agrafer son petit moutard au mur ; et puis comment se sortir de cette histoire, sans perdre la face ? User de mauvaise foi ? D’une autorité tranchante "c’est comme ça et pas autrement !"
Education bienveillante es-tu là ?

Emile range ses livres compile les 10 premières histoires d’Emile. Ainsi toutes rassemblées, on perçoit mieux ce qui caractérise cet univers et qui constitue une oeuvre, au sens d’ouvrage, de travail, de réflexion : une série d’actions qui aboutissent à un résultat final. Et qui font jaillir, ou pas, le rire ou le sourire.

Petit à petit, on voit les clins d’œil d’une histoire à une autre, les blagues qui se répètent, les sous-entendus, les non-dits entre les histoires et surtout avec les lecteurs.

Complicité avec l’histoire et avec nos petits lulus.

Voilà quelques motifs, la liste n’est pas exhaustive :

- Globalement, Emile a toujours la même trombine, boudeuse, un gamin pas souriant : sauf parfois, sur certaines situations extrêmes où son visage se déforme. Le plus souvent, c’est une très légère transformation : un oeil qui se ferme, une bouche qui se déplace. On comprend surtout l’état d’esprit d’Emile par son attitude, les petits poings en avant, les bras derrière la tête, caché sous sa couette...

- Sur sa page, il est toujours au milieu : il crève l’écran, c’est le roi de la piste ! L’extrême dépouillement des décors permettent à notre attention d’être totalement focalisée sur lui, l’enfant pénible et ses mimiques subtiles.

- Et puis il y a "l’effet texte" : parfois on lit les pensées d’Emile, d’autres fois, on entend la voix de sa mère, à d’autres moment, Emile épouse complètement le point de vue de sa mère, parce que ça l’arrange, parce que c’est malgré tout un petit garçon qui écoute sa maman, parce qu’il est de mauvaise foi...Il y a un jeu sur les instances narratives et une écriture rythmée, cadencée d’une manière si particulière qu’on épouse, on adopte nous aussi une manière de parler "à la Emile". Je dirais que ça s’appelle le style de l’écrivain, sa patte.

Tout, ça, c’est bien fortiche et pourtant, c’est "juste" drôle, une petite série rigolote quoi...

Dans la revue Hors-cadre(s), il y a un article sur Emile qui éclairera différemment. Et on se rendra compte que les enfants drôles et désagréables (à leurs dépens ou de plein gré) ne courent pas les pages. C’est peut-être parce que c’est difficile à faire..

Chronique sur Radio Royans

Lisa Bienvenu



  • Auteur : Vincent Cuvellier et Ronan Badel
  • Illustrateur : Ronan Badel
  • Éditeur : Gallimard jeunesse
  • Parution : 2016
  • Prix : 20€

  • Âge : Moyens
  • Genre : Album
  • Médias : Radio
  • Thématique : Humour / Quotidien / série