Le dévastateur

Ça peut donner envie. Ou pas.

« Je m’appelle Diego. J’ai 12 ans. Je vis dans la rue. Et je t’emmerde ».
Assez peu traditionnelle comme invitation à la lecture !
Qu’est-ce que ça raconte donc ? Des personnages aux caractères plus que bien trempés et au langage pas toujours bien châtié vivent à la Faute. Certains dans le luxe, d’autres dans la crasse. Certains s’aiment, d’une manière un peu drôle, la plupart se détestent et cherchent à se supprimer les uns les autres. Drogues, flingues, sabres sont maniés et échangés. Diego vit là-dedans et ce n’est même pas lui le héros.
Au cœur de l’aventure : huit morts, huit corps d’adolescents en uniforme d’écolier d’un côté et de l’autre, des enfants des rues qui jouent au foot avec des ballons pour le moins étranges. Et tout autour, ça intrigue beaucoup.
C’est quand même bluffant comme expérience de lecture : Rolland Auda sélectionne des ingrédients issus de cultures, de médias et de générations différents, toujours dans une certaine expression de la violence : Comics, vampire, magie noire, steam-punk… J’y suis personnellement sensible et j’aime bien. Dans ce livre, on est un peu comme dans un labyrinthe dont on ne peut pas sortir parce qu’on fait toujours fausse route. Il y a toujours un élément perturbateur. C’est habile, intelligent, remarquablement construit et maîtrisé dans la « barjoterie la plus totale ! » Surprenant : au final, ça donne un livre pas si populaire que ça alors que l’auteur manie les « références de genre ».
En tout cas, une chose est sûre : l’analyse de ce texte totalement "foutraque" est aussi riche pour le cerveau que l’étude d’une œuvre "classique".

Mais il manque l’histoire, celle qui emmène n’importe où, celle qui donne vraiment envie de savoir la suite.
Et si dans le prochain, il y a en plus une histoire, alors là…

Lisa