Une nuit, loin d’ici

« Chut, si vous voulez voir les animaux, pas de bruit, soyez attentifs et patients, regardez bien. Ils ne vous connaissent pas, vous rentrez dans leur monde sans vraiment y être autorisés, alors soyez respectueux. »

On entre dans cinq univers de la même manière : sur la pointe des pieds, dans le noir, on prête l’oreille et on pourrait presque entendre des bruissements d’insectes, des frottements d’ailes. Et puis à l’aube, certains animaux commencent à se réveiller, chasser, faire leur nid, se promener. « Dans la chaleur du matin », d’autres animaux se découvrent, l’agitation est à son comble.

Tout est suggestion et douceur dans ce livre, tout appelle la patience et l’observation, un regard attentif : le monde animal s’appréhende avec lenteur et persévérance. Chaque petit texte est narratif et va à l’essentiel tout en étant très poétique. Ils présentent les animaux en interaction les uns avec les autres : nul doute les « tamis rayés qui se poursuivent » ne peuvent être que cette ribambelle d’animaux ! Mais avant de les trouver il a quand même fallu un peu chercher.
Les pages transparentes dans un livre, qui cachent et découvrent, fascinent souvent. On s’extasie et on a très envie de regarder de plus près et puis de toucher. Fin et délicat, ce procédé sert à merveille le propos du livre, celui de découvrir prudemment et avec discrétion la vie des animaux.
Et l’on découvre avec jubilation la savane africaine avec lion et girafe, la taïga russe dans laquelle se côtoient loup, renard et lynx. Puis le singe, zébu et l’alligator de la jungle amazonienne et le calmar perlé ou l’avocette ruban de l’océan. Et enfin, tout près de chez nous, des lucioles, une chouette hulotte, un écureuil.
Tout ce petit monde se retrouve à la fin du livre, rassemblé sur une magnifique planche, qui rappelle un petit peu les représentations naturalistes.

« Chut, refermez-donc ce livre maintenant pour laisser la faune tranquille, on ne fait que passer, sans s’attarder et pour avoir plaisir à y retourner ! »

Lisa